Alors que les 11ème assises du tourisme en octobre dernier donnaient la priorité à l’achèvement des stations balnéaires du Plan Azur pour se rapprocher des objectifs de la Vision 2020, l’année 2016 démarre sur un ton peu encourageant. Alors que les travaux n’ont jamais été lancés pour une station de ce programme, seules Saïdia et Mazagan sont vraiment opérationnelles, bien que inachevées, tandis que Taghazout voit partir son maitre d’ouvrage, et Port Lixus pourrait connaitre le même sort.
« Dans le but de diversifier nos marchés, il est important aujourd’hui de chercher de nouveaux relais de croissance. […] D’où l’intérêt aujourd’hui d’accélérer Taghazout… », déclarait en février 2015 le vice-président de la Confédération nationale du tourisme, Fouzi Zemrani dans une interview accordée à L’Economiste.
Vous avez dit priorité ?
En octobre de la même année, les officiels et professionnels sortaient des 11ème assises du tourisme avec une priorité : l’achèvement des stations balnéaires du Plan Azur. Tout au long de l’année dernière cependant, l’accélération n’a pas été au rendez-vous et l’année 2016 démarre sur une note peu encourageante, avec le retrait d’Alliances Développement de la Société d’aménagement et de promotion de la station de Taghazout (Sapst), révélé hier, mercredi par l’Economiste. Cette nouvelle donne laisse présager un nouveau retard dans ce projet lancé en 2009, puisque le groupe immobilier en assurait la maîtrise d’ouvrage.
Actuellement, Taghazout Bay qui devrait à termes accueillir -sur 615 hectares- des établissements hôteliers, un village de vacances, un village de surf et des résidences immobilières, ne propose qu’un un hôtel 5 étoiles et un golf. Et les autres stations du Plan Azur ne sont pas mieux loties.
Problème de qualité à Saïdia
Celle de Saïdia, le fer de lance du programme, peine à émerger. Lancée en 2009, elle a dû essuyer en mars 2012 le retrait de l’hôtelier espagnol Barcélo, principalement en raison du manque de dessertes aériennes. Les hôtels qui y sont ouverts avaient alors trouvé une bonne partie de leur clientèle parmi les MRE. Mais les critiques par rapport à la capacité et la qualité du produit l’emportent sur les bonnes notes. « Saïdia ne pourra fonctionner qu’avec les TO sur des programmations charters back to back et des séjours de 7 nuits minimum. En l’état actuel, aucun TO ne veut se risquer sur la destination d’autant plus que la qualité du produit laisse à désirer, que l’animation est quasi inexistante et surtout que la saison est très courte », expliquait Fouzi Zemrani.
La station Mazagan d’El Jadida est tout aussi opérationnelle que Saïdia. Mais alors qu’elle prévoyait 8 000 lits, seul un hôtel de 500 chambres y est opérationnel, ainsi qu’un golf et un casino. Les travaux de la 2ème tranche devaient démarrer à fin 2012, selon La Vie éco, mais tout est resté au point mort.
Port Lixus gardera-t-il son maitre d’ouvrage?
A Larache, la station balnéaire Port Lixus, dont les travaux ont été lancés en 2006, n’avance pas au rythme prévu. En avril 2014, le groupe Alliances, alors maître d’ouvrage, annonçait l’ouverture du premier hôtel pour l’été de la même année. Mais depuis, rien. Et le groupe entend garder la main sur le projet. « Alliances ne s’est pas retiré de Port Lixus. Il fait toujours parti de nos projets », assure à Yabiladi une source au sein de la direction de la communication. Cependant, vu la situation financière de la compagnie immobilière, il ne serait pas étonnant qu’elle finisse par se désengager.
Contrairement à tous ces projets, la station Plage blanche à Guelmim n’a jamais été lancée. C’est l’Espagnol Fadesa qui gagne l’appel d’offre en 2007. Après son retrait, le projet a été récupéré en 2009 par l’égyptien Pickalbatros, qui prévoyait le début des travaux pour 2010. Mais il finira lui aussi par se désister. Depuis, le projet ne fait presque pas parlé de lui.
15 ans de Plan Azur, 15 ans d’échec?
Ainsi quinze ans après le lancement, le Plan Azur reste donc loin d’atteindre ses objectifs. Alors qu’il prévoyait à l’horizon 2010 l’ouverture de six stations balnéaires, seuls trois ont été inaugurées et le bilan de mi-parcours pour ces dernières reste loin d’être positif. A la Confédération nationale du Tourisme (CNT), on se refuse aujourd’hui à tout commentaire, notamment sur le retard que pourrait à nouveau accuser le programme suite au retrait d’Alliances du projet de Taghazout.
Mais l’année dernière, le vice-président reconnaissait que « le plan Azur était ambitieux et, avec du recul, quasi irréalisable ». « Il faut être honnête », soulignait-il, ajoutant qu’« aucune destination touristique n’a jamais lancé autant de stations simultanément en comptant uniquement sur l’investissement privé ». Pour lui, le programme dans son ensemble devrait être revu et « c’est à mon avis l’Etat qui devrait aujourd’hui terminer les stations puis les mettre à la disposition des professionnels internationaux et nationaux pour une période déterminée ».
Mais Rabat en a-t-il les moyens ? Il semblerait que non. C’est pour cette raison que le ministre Lahcen Haddad s’est tourné vers les investisseurs du Golfe l’année dernière pour le financement de projets touristiques à Casablanca, Rabat et Tanger. Pourrait-il venir en renfort également dans les stations du Plan Azur.
@Yabiladi
